Études, formations, influences: un parcours initiatique

Née en 1977, j’ai la chance d’être inscrite à 6 ans à l’École des enfants du spectacle, une école publique parisienne fondée par Rognoni garantissant aux enfants apprentis comédiens, danseurs, musiciens ou circassiens une qualité de cours respectant le programme scolaire, grâce à un rythme soutenu dans des classes à effectif réduit, avec des horaires aménagés permettant la poursuite d’activités artistiques données indépendamment de l’école.
Je m’essaie à plusieurs arts avant de rencontrer le théâtre à 10 ans, une révélation.

Je suis des cours, de six, puis douze heures par semaine, dans un petit théâtre atypique, le Mandapa, lieu initialement dédié à la culture indienne, propice aux échanges interculturels.
Jusqu’à 17 ans je suis une formation exigeante d’influence stanislavskienne dispensée par Adamante, selon la méthode de Michaël Tchekhov.
Je joue avec mes camarades de cours, mais aussi avec des adultes de la compagnie de mon professeur et je participe aux créations de Gérard Destal et Sergio Ortega (1989, la Trilogie de la Révolution).
Les spectacles d’Adamante auxquels je participe qui vont le plus me marquer sont Pour Mandela, contre l’apartheid, et un Hommage à Rabindranath Tagore, empreint de mysticisme.

Le théâtre signifie engagement, de ma personne, de ma sensibilité. Véritable parcours initiatique, il sera pour moi interrogation, analyse, et recherche de vérité(s) à dire.
A 17 ans je décroche un BAC A2 et je m’inscris en 1994 à l’Institut d’études théâtrales de la Sorbonne Nouvelle, Paris-III. Je suis un cursus en Arts du spectacle option théâtre, obtiens un DEUG, puis une licence.

En tant que spectatrice, je serai particulièrement sensible et marquée par les mises en scène de Claude Régy que je découvre avec la Mort de Tintagiles (Maeterlinck), François Tanguy et le Théâtre du Radeau avec Choral en 1996, la compagnie Laurent Terzieff avec Milosz, Peter Brook avec Qui est là, Patrice Chéreau avec Dans la solitude des champs de coton (Koltès), puis Stanislas Nordey avec Incendies (Mouawad) en 2008,  Wajdi Mouawad avec Seuls

En 2000 Je suis une initiation de deux ans au chant lyrique par Françoise Galais (méthode Yva Barthélémy) et je participe à des concerts dans le salon…Je souhaite alors développer une autre technicité vocale ; en 1988 j’avais interprété une chanson sur l’album l’Immensité de vivre mettant en musique les poèmes de Louis Amade. La musique et le chant seront au rendez-vous dans mes ateliers théâtraux.
Enfin j’écris, je transgresse, transforme l’exutoire en conte, nouvelle, petite pièce.
C’est encore cet amour des mots (pour tenter de trouver comment s’exprimer au plus près, au plus juste, de l’indicible même, et conjurer les maux) qui me poussera à suivre une formation de réécriture et de correctrice en 2011. Je travaillerai une année pour les éditions L’avant-scène théâtre et je corrigerai divers travaux universitaires.
Je continuerai d’apprendre et de développer des compétences transversales en pratiquant la méditation en pleine conscience, en suivant divers cours et stages ou en me formant au Théâtre-Forum et aux techniques introspectives du Théâtre de l’Opprimé d’Augusto Boal (stages avec la compagnie NAGE de 2011 à 2013).

 

Professeur de théâtre depuis 2003

Je commence à donner des cours à 26 ans, parce que transmettre se révèle une réelle vocation, plus encore si, au-delà d’une initiation ou de l’apprentissage d’un art je peux ouvrir les autres, jeunes ou adultes, à de nouveaux horizons.

Ainsi, via le théâtre, c’est bien sûr la littérature qui est découverte, mais aussi d’autres arts! Des photographies, reproductions d’art et musiques peuvent être les prémices de voyages imaginaires. Des passerelles se font avec le chant, la danse et les arts plastiques…
Apprendre à regarder, à décrypter, apprendre à entendre, ne pas faire qu’écouter. Apprendre à s’exprimer, apprendre à passer de la personne au personnage.

Le personnage peut déborder, pas la personne. C’est fondamental.

Le jeu est passage du « je » au « il » ou « elle ».

Le théâtre, c’est, avec le plus grand sérieux et la plus grande sincérité, vérité, faire du faux. Parce que « c’est pour de faux », comme tous les enfants le savent, le vrai en ressort. Le théâtre est une projection mentale: le cerveau ne fait pas la différence entre le réel et la fiction…

Pour accéder au personnage, à son histoire, l’élève évolue dans un milieu bienveillant et un cadre que je garantis.
La confiance est essentielle, en soi-même et vis-à-vis des autres.

Je privilégie le développement de l’imaginaire et mets l’accent sur un travail émotionnel autant que corporel. Il peut devenir rythmique et vocal.
La voix est un outil merveilleux qui s’apprivoise et se canalise, comme l’émotion.
La voix est indissociable de la respiration, la respiration permet la concentration, et celle-ci n’arrive qu’après une bonne décontraction !

Les textes vont être « digérés » par chaque élève, voire déstructurés, pour une meilleure assimilation, avant d’être représentés.

Le répertoire est varié: poétique, romanesque, théâtral et ouvert aux propositions.
De même que la personne est devenue personnage pour jouer, le personnage redevient personne avant une séquence de bilan.
Chaque temps est important. Le temps d’échange sur le travail effectué est aussi constructif.

L’écriture émerge de tout ce travail en profondeur. Elle est alors mise en espace, et représentée par un autre que soi, donnée à entendre par une autre voix tout autant investie, qui défendra son texte comme un os.

Je pense toujours « écart », l’écart entre un texte (connu ou non) et son interprète.
Qu’est-ce que revêt le texte, avec ce corps-là ajouté, cette présence ajoutée ? Le « je est un autre » de Rimbaud est à méditer, et permet, via l’autre, de se trouver.
La pièce appartient-elle à l’auteur, ou à ceux qui la font entendre, ou encore à ceux qui la reçoivent ?
Nulle représentation ne peut ressembler à une autre, tout simplement parce qu’elle repose sur du vivant, vibrant, et que le comédien n’est pas seul, sur scène ou en représentation.
Nul chanteur ne sera le même qu’un autre malgré une même partition et une même consigne. Il viendra avec ce qu’il est et ce qu’il vit au moment de prêter son corps à un personnage. De même que le spectateur.
Il y a écart et rencontre à plusieurs niveaux.

 

Mes atouts

Forte de plus de quinze ans d’expérience, je suis spécialisée dans les ateliers destinés aux enfants et aux adolescents (contrats en MJC, pour des associations culturelles et sportives, pour la ville, des événementiels…principalement en région parisienne et ponctuellement à Orléans, Rouen et Rennes avant de m’installer dans le sud Manche en 2019).

Je fais le lien entre l’enfant et le parent, soit un adulte référent et bienveillant auquel le jeune peut faire confiance quand il n’arrive pas à parler à ses parents.
Je sais l’importance et la responsabilité des adultes entourant les enfants, les mineurs et les jeunes majeurs.
Par extension je suis persuadée de la nécessité de s’occuper des adultes avec la même empathie et c’est ainsi que j’ai conçu des stages pour adultes.
Mon intention est de permettre à chacun de développer son potentiel artistique.

Ma méthode repose autant sur ma propre formation, mes questionnements, que sur mon parcours de vie. Autant sur des acquis et savoirs, une rationalité, que sur l’intuition, une pensée en arborescence, une grande écoute et observation.
J’ai moi-même longtemps porté mon enfance comme « un couteau planté dans la gorge » (Wajdi Mouawad) et j’ai fait un long travail introspectif (psychanalyse jungienne) pour avancer sereinement en tant qu’adulte…et vivre avec plaisir le présent en lui donnant toutes ses chances !

J’ai beaucoup voyagé en littérature et musique, m’intéressant toujours aux autres cultures, afin de mieux comprendre l’autre, celui si différent qui me tend le miroir et me ressemble comme un frère. L’autre est différent, dans sa langue, dans sa singularité, parfois dans son handicap ou sa douance ; la différence n’est pas un point de rupture, mais parfois une autre façon d’appréhender le monde.

J’ai, très jeune, adhéré à la formule « théâtre élitaire pour tous » d’Antoine Vitez…Je ne crois pas à un théâtre réduit à de l’occupationnel ou au divertissement.
Le théâtre est fait de sueur, d’énergie, d’humilité et de patience. Et d’investissement de soi-même. Il ne peut s’inscrire dans l’instantanéisme: même l’improvisation procède d’un canevas.

Je crois profondément à l’intérêt de la simplicité gestuelle et au dénuement du plateau (« le tréteau nu » de Jacques Copeau n’est pas loin).
Et le silence, les silences, sont la toile de fond la plus importante : ils sont chargés d’émotions et portent les mots.
J’ai souvent fait des spectacles sans décor, avec rien, ou si peu, accompagnant une volonté de donner à voir le meilleur de chacun ; mettre chaque personnalité en valeur, tout en veillant à la cohérence du groupe. L’équilibre est très important, pour que chacun trouve justement sa place.

Je sais adapter mon langage et mon vocabulaire, tout en privilégiant un nivellement par le haut : mieux vaut apprendre des mots à quelqu’un que le laisser dans l’ignorance, ou pire, penser qu’il ne pourrait pas apprendre autre chose.

J’ai beaucoup travaillé, en parallèle du théâtre, dans les métiers du service, particulièrement la vente: je sais gérer un groupe et des personnes plus fragiles, ayant été une responsable encadrant des employés en insertion ou réinsertion.

J’ai suivi, de 2011 à 2013, plusieurs stages de formation aux techniques du Théâtre de l’Opprimé d’Augusto Boal par la compagnie NAJE (théâtre-forum et techniques introspectives). J’y ai rencontré des comédiens, mais aussi des personnes venant d’autres horizons (assistante sociale, éducateur, employé Orange…). C’est une compagnie qui fait un travail de terrain très engagé.

Je sais encadrer un stage, une préparation au BAC théâtre, une audition réussie pour intégrer une école de théâtre post BAC, et même travailler avec des sportifs ! oui, les danseurs sur glace étaient mes premiers élèves (Rouen, Orléans, région parisienne).
Intervenante théâtre principalement en MJC puis dans des écoles publiques, enfin dans des maternelles privées où j’étais animatrice en éveil musical et corporel, sortie parfois sceptique de ces interventions (surnombre, temps imparti trop court, lieux inadéquats), après plus de 15 ans d’expériences variées, j’ai décidé de créer mes propres ateliers en 2019.

Et je continue d’apprendre, car je suis curieuse du monde!

illustration "plants" de Gordon Johnson
illustration "plants" de Gordon Johnson
aquarelle de Jiao Tang
illustration "watercolor portrait" de Jiao Tang